60 millions de consommateurs fustigent la fiabilité du nouveau DPE

25 mai, 2022

DPE, Enquêtes et études

Dans un article de son numéro de juin 2022, 60 Millions de consommateurs s’en prend une nouvelle fois au DPE et aux diagnostiqueurs immobiliers. D’après une récente enquête, le DPE nouvelle version n’est toujours pas fiabilisé et le comparatif révèle des « erreurs encore nombreuses ». Un résultat dans le prolongement de la précédente enquête du magazine de juin 2018.
La méthode du comparatif
Pour ce comparatif, le magazine a demandé à 4 vendeurs de faire appel à 5 diagnostiqueurs différents (2 indépendants et 3 franchisés) pour effectuer le DPE de leur maison. Ces DPE ont été réalisés entre début février et la mi-mars 2022. Ensuite, un expert choisi par le magazine, et dont on ignore les compétences en matière de DPE, a analysé et évalué tous les diagnostics effectués.
Des erreurs de métrage ou de datation qui impactent les résultats
À plusieurs reprises, l’expert relève des erreurs, parfois importantes, de métrage. Par exemple, une maison mesurée à 95 m² est estimée à 120 m² par un diagnostiqueur pour lequel le magazine précise qu’il semble « tout faire pour réduire la consommation et donc améliorer le classement ». Même chose en ce qui concerne les dates de construction, plusieurs fois mal renseignées alors que l’information a été transmise aux diagnostiqueurs. Difficile de parler de complaisance puisque ces erreurs existent dans les deux sens, à savoir avantageuses (avec une date plus récente) ou pénalisantes (avec une date plus ancienne) pour l’estimation des consommations.
L’importance d’une documentation exhaustive
L’article met cependant en lumière qu’en règle générale, la fourniture d’un maximum d’informations aux diagnostiqueurs tend à améliorer la fiabilité du DPE. C’est notamment le cas d’une maison dans un village de Haute-Garonne pour laquelle le vendeur a pu communiquer les plans et toutes les factures de travaux réalisés (sauf les fenêtres). On note pour cette maison peu de différences sur la surface et, finalement, un seul DPE qui classe la maison en D alors que tous les autres aboutissent à un classement en C, conforme à l’évaluation de l’expert. Mais ce n’est pas toujours le cas.
Des saisies qui diffèrent selon les diagnostiqueurs
L’article fourmille d’exemples pour lesquels une même caractéristique de la maison ou de ses équipements n’est pas renseignée de la même façon par les différents diagnostiqueurs qui sont intervenus. Ainsi, un plancher est noté « inconnu » dans un DPE, « non isolé » dans un second, « isolé » dans deux autres, alors qu’il est tout simplement oublié par le dernier diagnostiqueur. 60 Millions de consommateurs relève ainsi des erreurs et incohérences pour de nombreux éléments (ventilation, menuiseries, surface des parois, chauffage et production d’ECS, performance des PAC, etc.).
Des différences de classe énergétique pour chaque cas testé
Bien évidemment, ce manque de cohérence dans la saisie des données produit inévitablement des écarts de classes entre les 5 DPE réalisés pour chaque maison. Dans deux cas, cet écart reste limité à une classe, mais pour les deux autres maisons, l’écart atteint deux classes : C à E (D d’après l’expert) pour la première, et B à D (B d’après l’expert) pour la seconde. C’est bien le volet énergie qui présente le plus de disparités, mais on retrouve également des écarts qui n’excèdent jamais une classe pour toutes les maisons sur les émissions de GES. Preuve que le moteur de calcul comporte des limites, l’article concède que « certains diagnostiqueurs sont parvenus à la même lettre que notre expert, mais avec plein d’erreurs ».
Des recommandations de travaux peu pertinentes
Dernier point qui interpelle enfin le magazine : les recommandations de travaux, absentes dans certains cas ou absurdes dans d’autres (préconisation d’installer une pompe à chaleur sur une maison déjà équipée d’une PAC). « À l’inverse, des recommandations essentielles ne sont pas faites » estime Fanny Guibert, cheffe de rubrique énergie et mobilité individuelle au sein du magazine.
60 Millions de consommateurs milite pour le renforcement de la formation
Si les diagnostiqueurs en prennent pour leur grade, sans faire de distinction particulière entre franchisés et indépendants, l’article tempère ses critiques en pointant la complexité du DPE : « Le bilan n’est pas flatteur pour la profession. La réforme a changé les règles du jeu et sans doute complexifié la réalisation des diagnostics. Des simplifications pourraient être apportées et les logiciels peaufinés ». Finalement, l’article dresse le constat de l’échec d’une réforme dite de fiabilisation, première pierre d’un édifice réglementaire, devenu bien bancal, qui doit conduire à l’éradication des logements les plus énergivores. Mais c’est surtout sur le renforcement de la formation des professionnels que l’article insiste. « Nous allons le redire aux pouvoirs publics, car il y a urgence. Les erreurs sont significatives et laissent envisager un important contentieux devant les tribunaux ». Nul doute que ce type d’article contribuera à jeter l’opprobre sur le DPE et incitera certains acquéreurs à s’interroger sur la véracité des DPE qui leur auront été remis au moment de la vente. Sans parler des incidences sur les futures obligations et interdictions à venir (audit énergétique, gel des loyers, interdiction de location, etc.).

Article repris du site : https://www.diagnostiqueur-immobilier.fr/profession/60-millions-de-consommateurs-fustige-la-fiabilite-du-nouveau-dpe/
Mise en ligne le 25 mai 2022

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