Top 6 des petits travaux pour améliorer sa note DPE

02 mai, 2023

DPE

CIBLER LES TRAVAUX AVEC LE DPE : PRINCIPES ET MÉTHODOLOGIE

Quand je veux faire des recommandations, je vais d’abord voir la page 3 du rapport du DPE. Elle nous montre la répartition des dépenses : tant de pourcentages pour le chauffage et l’eau chaude sanitaire. Le reste – auxiliaires, éclairage, refroidissement – est négligeable. La répartition eau chaude / chauffage est très importante. Plus la surface est petite, plus l’eau chaude va prendre de l’importance, donc il faudra travailler là-dessus.

Mais je dois aussi consulter le graphique en page 2, où il y a le schéma des déperditions de chaleur. Les pourcentages sont affichés pour la ventilation, la toiture ou le plafond, les murs, les portes et fenêtres, le plancher bas… Les pages 2 et 3 du DPE me permettent de savoir sur quoi il faut travailler en priorité. Si j’ai 60 % pour le chauffage et 32 % pour l’eau chaude, je commence par le chauffage, car c’est prépondérant. Par contre, après, je verrai pour l’eau chaude sanitaire. 32 %, ça doit pouvoir être amélioré.

J’ai un logiciel assez bien fait, car lorsque je vais dans la partie « recommandations », il a déjà fait tous les calculs possibles unitaires. Il m’indique le gain en kilowattheures pour chaque changement : fenêtres, portes, VMC, etc. D’autres éditeurs de logiciels n’ont pas fait ce choix. Le diagnostiqueur, face aux locaux, n’est pas toujours guidé. Par ailleurs, il n’est malheureusement pas possible de faire un tri pour classer les recommandations du gain le plus important au moins important.

Sur le principe, on part des systèmes en premier, et ensuite on s’intéresse à l’enveloppe. Le système nous permet de travailler sur tout le poste CHAUFFAGE. Au contraire, si je travaille sur l’enveloppe, qu’il s’agisse des murs ou des fenêtres, ce sera le pourcentage d’un pourcentage. Il n’y aura pas de bonds en avant. De façon globale, il faut regarder les postes les plus déperditifs. Plus on part de loin, plus le bénéfice sera important.

DIFFÉRENTS GAINS POSSIBLES

Ci-dessous, Pascal Clerc nous donne des pourcentages de gains lorsque c’est possible. Pour l’eau chaude sanitaire (en 3e position du top), il faudrait tenir compte de la température de l’eau, laquelle dépend du département… Bref, il y aurait trop de paramètres à prendre en compte. Il nous fournit donc des valeurs de puissance. Pour les menuiseries (à la 5e place du top), l’important réside dans les pertes. Place maintenant au top des travaux !

1 / CHAUFFAGE ÉLECTRIQUE ET ÉMETTEUR : +8 %

Prenons l’exemple d’un appartement en tout électrique, avec une bonne enveloppe, mais dans une configuration défavorable. Typiquement, c’est l’appartement au dernier étage, déjà isolé aux murs et aux plafonds, qui se trouve quelques points au-dessus de la classe G. La PAC (pompe à chaleur) est problématique, car il faudrait faire des trous en façade. Il nous reste alors à procéder au changement des émetteurs et notamment à jouer sur la partie régulation.

Des émetteurs NFC peuvent nous faire gagner 2-3 %, un détecteur de présence nous fait gagner encore 2-3 %, une programmation individuelle 1 % ou 4 %. Avec tout ça, on arrive à environ 7-8 %. Cela paraît peu, mais lorsque le poste de chauffage représente les trois quarts de l’étiquette, surtout si l’appartement est équipé de vieux convecteurs, ou de convecteurs récents mais non classés, on peut gagner une lettre. Je pense que peu de monde le sait. Beaucoup d’appartements en ville sont dans cette situation. Mine de rien, le simple fait de mettre des appareils NF 3 étoiles, avec une platine de programmation, et un détecteur de présence, peut faire gagner une trentaine de points.

Aujourd’hui, dans les magasins de bricolage et les grandes surfaces, on peut encore acheter des émetteurs non classés, avec un thermostat sans programmation et sans détecteur. Mais on peut aussi trouver des panneaux rayonnants ou des radiateurs électriques, sans accumulation, avec programmation et détecteurs de présence à un prix abordable. Durant les 2 derniers mois, j’ai vu plusieurs appartements avec les mêmes appareils. Ils sont à détecteur de présence, avec platine de programmation et NFC. C’est un premier point auquel on ne pense pas forcément.

2 / LES CHAUDIÈRES À GAZ : +10-12 %

Si vous remplacez une chaudière de 2010, dite chaudière standard, par une chaudière à condensation, en changeant les radiateurs pour qu’ils soient plus gros et bien normés, vous pouvez gagner 15 % sur le poste de chauffage. Ce n’est énorme pas, ça fera du 10-12 % sur l’étiquette globale. Mais c’est toujours un moyen de gagner un peu, y compris lorsque la chaudière assez récente. Quand elle date de 2010, on voit qu’elle n’est pas neuve, mais sans avoir forcément l’impression d’y gagner en la remplaçant.

3 / EAU CHAUDE SANITAIRE (ECS)

Pour l’ECS, il y a la solution des systèmes sans accumulation, mais on ne peut pas toujours la mettre en œuvre. C’est encore possible dans les régions chaudes. En gros, c’est faisable dans la zone climatique H3. Certains professionnels vous vendent du rêve en vous conseillant de prendre un chauffe-eau instantané de 6 ou 9 kW. En pratique, dans une région froide, il faudra au minimum 17 kW, 12 kW dans les régions chaudes. À 6 ou 9 kW, vous aurez une douchette avec 3 filets d’eau. Vous ne pourrez pas prendre une douche en hiver de plus de 5 minutes.

Passer en instantané pour les petites surfaces, c’est bien, mais avec la quantité de kilowatts nécessaires, cela ne permettra pas forcément de réduire le poste d’eau chaude. La solution intermédiaire, c’est le ballon à semi-accumulation de moins de 70 litres. Les 65 litres ne sont pas classés NF** ou ***. Pour autant, j’ai fait des simulations. Entre un NFC de 90 litres et un 65 qui n’est pas NFC, ce dernier dépense beaucoup moins.

L’idéal reste de passer en instantané, mais il faut avoir de la puissance disponible au compteur et mettre derrière du délestage. Autrement dit, à chaque fois que ça va tirer l’eau chaude, ça va couper les radiateurs ou autre.

Enfin le CET (Chauffe-Eau Thermodynamique) en appartement et notamment en petites surfaces (en dessous du F3/F4) c’est une hérésie. Même si cela, sur le papier, baisse la note du DPE. Dans la réalité, il n’y a énergétiquement aucun gain car les calories sont prises dans l’ambiance donc dans la réalité COP=1. Sans parler de la gêne sonore, ce genre de produits est soit à réserver aux grands appartements et UNIQUEMENT en modèle sur air extrait, soit aux maisons qui ont des LNC qui peuvent être refroidis.

4 / LES BOUCHES DE VMC : +3-4 %

Certains disent qu’il faut aller voir les caissons VMC. En immeuble collectif, nous caractérisons la VMC en fonction de ce que nous voyons et ce sont les bouches. Peu importe si le caisson est adapté ou pas. Or c’est très facile de changer les bouches.

C’est accessible financièrement. Il faut compter quelques dizaines d’euros, au plus 100 € à 200 € pour changer toutes les bouches d’extraction avec réglettes d’entrée d’air.
Cela permettra de diminuer de façon conséquente les débits. C’est d’autant plus intéressant si l’appartement est situé dans une région froide. Il n’y a pas grand-chose à gagner, peut-être 3-4 % sur le poste « ventilation ». En appartement, les bouches hygro, avec réglettes hygro, c’est le top. Ce sont de petits pourcentages, mais qui ne coûtent pas cher. C’est donc une autre piste de réflexion intéressante.

5 / LES MENUISERIES

Il y a quelque chose d’important à savoir avec les menuiseries. Un double vitrage de 14 millimètres tout bête sans argon, sans filtre infrarouge, sans précision de l’année de construction, pour une fenêtre en bois, a un coefficient de 3. La même fenêtre avec 16 millimètres de double vitrage, récent, avec argon et filtre infrarouge, c’est 1,6. Les gens, mais aussi le diagnostiqueur qui n’a pas trop poussé la réflexion, peuvent se dire, en voyant un double vitrage de 14 mm, que ce n’est pas la peine de travailler sur les menuiseries.

Je vous renvoie à la méthodologie indiquée au début. Si sur la page 2 du DPE, si les portes et les fenêtres représentent, par exemple, 45 % des déperditions et la ventilation, 33 %, je travaille sur les fenêtres en premier. En tout cas, entre un vieux double vitrage existant et un double vitrage moderne, on divise par deux les pertes. C’est un chiffre dont il faut se souvenir.

6 / LES MURS

L’autre jour, j’ai eu le cas d’un appartement, à un étage intermédiaire, où les murs n’étaient pas isolés. Les propriétaires avaient tout repeint et ne voulaient pas perdre de surface. Sur le DPE, page 2, le schéma montrait 54 % de déperditions par les murs. J’ai aussi l’exemple d’un appartement un peu gros où le chauffage représente 80 % de la note et les murs la moitié, soit 40 %. Si on isole le mur, on divise par 6 les pertes entre un mur qui n’est pas du tout isolé, et un mur isolé avec 10 cm. Sur 40 % de part de l’étiquette due au mur, je gagne 35 % sur la partie chauffage de mon DPE.

Ce propriétaire ne voulait mettre que 5 cm d’isolant pour gagner en surface. J’ai fait les calculs pour déterminer ce qu’il aurait avec 5 cm et avec 10 cm par rapport à ce qu’il avait. Il atteignait son objectif en ne mettant que 5 cm. Mais s’il passait à 10, il ne perdait que 0,6 m². Au moins, il n’aurait pas à recommencer dans 10 ans. Entre-temps, les contraintes auraient augmenté et il faudrait gagner une classe de plus. La perte de surface n’est pas énorme par rapport à l’isolant. En prime, il est toujours possible de mettre un isolant plus cher et moins épais pour perdre moins de surface.

Chaque fois que des murs ne sont pas isolés, où que l’on soit, le propriétaire a intérêt à les isoler. Par ailleurs, pour une isolation, ce qui coûte le plus cher, c’est la main-d’œuvre. Le prix du matériau en lui-même n’est pas excessif. Vous prenez un polystyrène blanc tout bête, sa conductivité thermique est de 0,04 et il a 5 ans d’utilité. Si, à la place, vous choisissez une plaque de mousse polyuréthane un peu plus chère, à 0,02 de conductivité, donc la même épaisseur, elle amène deux fois moins de pertes dans les murs. Quand on doit isoler les murs, ça vaut la peine de ne pas lésiner sur l’épaisseur et la qualité, d’autant qu’il y a des contraintes. (Vous allez devoir décaler les prises et les radiateurs, donc avoir besoin d’un peu de main-d’œuvre derrière, et ce serait dommage de le refaire dans 5 ou 10 ans).

7 / ET L’ISOLATION DU PLANCHER BAS / HAUT ?

L’isolation du plancher haut ou plancher bas, c’est la base. Mais souvent, le particulier ne peut pas faire grand-chose. En appartement, le plancher bas peut être sur une cave qui n’est pas la nôtre. Ce n’est pas évident d’aller demander au voisin de mettre de l’isolant. Sous-toiture en appartement, le problème est le même. Il y a des critères indépendants de nous. C’est pour cette raison que je ne m’étends pas sur ces travaux-là.

Quant aux maison individuelles, le fait que dans un logement 30% des pertes se fassent par le toit est connu du grand public. En conséquence, l’isolation ou le complément d’isolation ont très très souvent déjà été faits quand nous réalisons nos diagnostics. (C’est en tous cas une réalité dans mon secteur géographique, à près de 90%).


Extrait du site Quotidiag le 02/05/2023
https://www.quotidiag.fr/top-6-des-petits-travaux-pour-ameliorer-sa-note-dpe/

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